lundi 30 novembre 2015

La céramique coréenne

Les premières poteries coréennes datant du néolithique présentent une étroite base arrondie et un décor fait de lignes parallèles et de points, selon des motifs dits "en dents de peigne". Les poteries peintes et les figurines en argile ne se développèrent que plus tard. Les pots en grès découverts dans les tombes de Shilla sont représentatifs de l'étape qui suivit dans l'épanouissement de cet art. Variant dans les teintes, du gris au noir, en passant parfois par le brun, en fonction du degré d'oxydation obtenu dans le four, ces premières pièces  en grès sont un style libre et original, et témoignent parfois d'une influence chamanique certaine.

Les poteries de Shilla produites après le Vè siècle dénotent toutefois moins de vigueur, peut-être en raison de l'influence du bouddhisme. De nombreux potiers utilisaient des motifs estampés pour la reproduction des dessins des urnes funéraires. Au cours de la période de Shilla unifié (668-935), la poterie retrouva peu à peu sa vigueur mais pas son originalité, ni la plaisante ingéniosité de ses premiers développements.

Du XIIème au XIIIème siècle, durant la dynastie de Koryo, l'art de la poterie atteignit son apogée grâce à la création d'un mystérieux vernis céladon vert-bleu et à la technique de l'incrustation. Bien que les techniques du céladon aient été introduites en Corée à partir de la Chine des Song (960-1279), probablement des fours de T'zu Yao au Xème siècle, les influences chinoises furent laissées de côté pendant la première moitié du XIIème siècle, ce qui permit à la créativité des autochtones d'atteindre son plus haut degré de raffinement.

La technique de l'incrustation, inventée par les potiers coréens, consistait à graver des motifs dans l'argile et à remplir des sillons ainsi créés avec de l'englobe blanc et noir. L'excédent d'engobe était ensuite gratté avant la cuisson. Ces motifs employés à l'origine avec sobriété, conféraient aux vases en céladon une beauté majestueuse et raffinée.

Vers la fin du XIIIème siècle, les potiers se mirent à abuser de ces motifs populaires, abandonnant ainsi la longue tradition du moulage de forme variées et fascinantes, inspirées des motifs familiers de la nature. A la suite de l'invasion mongole en Corée, l'habilité technique alla en diminuant et les motifs incrustés devinrent grossiers. Finalement, le XIVème siècle vit s'éteindre l'art de la fabrication du céladon, et le secret de sa gamme chatoyante de vernis verts-bleus se perdit jusqu'à sa redécouverte, au Xxème siècle.

L'influence sociale dominante de la dynastie Choson était le confucianisme, et ce passage de l'oisiveté aristocratique de la période Koryo aux concepts sociaux  plus pragmatiques du confucianisme, se refléta dans l'art de la céramique. Les porcelaines blanches constituent le style dominant de la période de Choson.

Pendant cette période, les fours étaient sous le contrôle du gouvernement et reproduisaient des porcelaines blanches et des céladons bleus, tous deux incrustés. Les porcelaines blanches au "sous vernissage" bleu étaient généralement ornées des motifs des "Quatre gentilshommes" (le prunier, l'orchidée, le chrysanthème et le bambou), de la fleur de lotus, d'arabesques et d'herbes automnales.

A partir du milieu du XIXème siècle, la céramique coréenne déclina à la fois du point de vue technique et dans sa forme, reflétant ainsi le propre déclin de la dynastie. Toutefois, Ichon, dans la province du Kyonggi, est demeuré le havre des potiers pendant presque 600 ans, même si nombre des artisans d'aujourd'hui débutèrent après la guerre de Corée.

La ville est restée célèbre pour ses poteries, en raison de son argile de qualité et de son eau non-minérale. Les minéraux peuvent souiller l'argile, et entraîner un effet de couleur non recherché. La plupart des fours d'Ichon produisent aujourd'hui de la poterie traditionnelle, qui imite le céladon de Koryo et la porcelaine de Choson.

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