mardi 6 décembre 2011

La porcelaine chinoise


La porcelaine chinoise est profondément liée à l’histoire de la Chine. Sous la dynastie Yuan (1279-1368), les lourds céladons de Longquan avec leurs décors en relief ou incisés sous la couverte vont constituer une grande part de la production avec les bleu de cobalt et rouge de cuivre sous couverte ornés d’un tracé de pinceau vigoureux et précis.

Sous la dynastie Ming (1368-1644), la manufacture de Jingdezheng établit sa primauté. Y triomphent les bleu et blanc, et les délicates porcelaines monochromes à couvertes blanche, bleu ou rouge, et céladon ornées souvent d’un décor secret, anhua, incisé sous la couverte. L’origine des wucai (cinq couleurs) se situent entre le milieu du XVème siècle et le règne de Chenghua (1465-1487), règne sous lequel apparaît les décors peints en émaux dans le style doucai (couleurs contrastées).

Les bleus intenses, et les kinrande somptueux caractérisent le règne de l’empereur Jiajing (1522-1566), les wucai celui de l’empereur Wanli (1573-1620).

Les bleu-blanc de « type Kraak » de l’époque Wanli (1573-1619) illustrent le développement du marché d’exportation de la porcelaine chinoise.

Les céladons des fours de Longquan et les fameux blanc-de-Chine des fours de Dehua étaient eux aussi très attrayants.

Entre 1619-1683, dans la période dite de Transition, la fabrication de porcelaine de Chine se poursuit et est destinée à une clientèle de lettrés ou à l’exportation.

Durant la dynastie Qing (1644-1912), sous les trois règnes successifs de Kangxi (1662-1722), Yongzheng (1723-1735) et Qianlong (1736-1795) des sommets vont être atteints et des progrès techniques considérables seront réalisés dans les fours de Jingdezheng.

Sous Kangxi, la famille verte (Yincai) est née. Les monochromes connaissent un développement considérable, notamment le « sang de bœuf » (langyao) et sa variante « la peau de pêche » (jiangdou).

Sous Yongzheng, les couvertes monochromes se perfectionnent en bleu pâle ou céladon et renouvellent les céramiques Song de type guan, ru, jun et ding blanc. Une nouvelle catégorie d’émaux apparaît, ceux de la famille rose (fencai). Timide dès 1720, elle s’affirme vers 1728-1730.

Sous le règne de Qianlong, les couvertes imitent toutes sortes de matières, la porcelaine ressemble au jade, au corail, au laque, au bronze…. Les porcelaine dite flammées ou flambés, les bleus poudrés, ou les couvertes robbin’s egg attestent de l’invention et habilités de ces artisans. Les « bleu-blanc » dans le style du début de l’époque Ming que renforce un archaïsme formel sont très recherchés.

Le XVIIIème siècle fut l’âge d’or des exportations des porcelaines chinoises vers les pays européens qui ont constitué leur propre Compagnie des Indes Orientales et installé leurs comptoirs à Canton. La production de porcelaine dite de commande était très active, avec notamment des pièces de la familles rose, des porcelaines coquille d’œuf ou des services armoriés.

Les Imari Chinois concurrenceront les japonais sur le marché européen. Les tabatières en porcelaine apparaissent au 18ème siècle et connurent un essor important au 19ème siècle.

C’est au début du XVème siècle qu’apparaissent les marques impériales sur les pièces destinées à la cour. Cet usage qui ne s’appliquera pas systématiquement selon les périodes, se perpétuera jusqu’au XIXème et XXème siècles, avec par exemple les marques des empereurs Jiaqing (1796-1820), Daoguang (1821-1850), Xianfeng (1851-1861), Tongzhi (1862-1874), Guangxu (1875-1908).

Aujourd’hui de nombreux objets en porcelaine de chine trouvent leur place dans des maisons du monde entier car ils apportent un peu de la culture chinoise avec eux.

samedi 12 novembre 2011

La peinture chinoise classique

La peinture chinoise classique est dénommée en chinois zhōngguó huà, peinture chinoise, ouguó huà, peinture du pays, en opposition à la peinture chinoise d'inspiration occidentale apparue au XIXème siècle. On peut la considérer comme une branche autonome de la calligraphie chinoise, dont elle partage le médium, fondé sur les quatre trésors du lettré : pinceau chinois, bâton d'encre, pierre à encre (pour moudre le bâton d'encre et le diluer dans l'eau) et papier (papiers de fibres textiles et bambou, avec de faibles apports d'autres matières, dont parfois le riz). Mais avant le support papier, la soie a été le support "noble" par excellence.

La peinture chinoise classique est constituée d'un ensemble de styles typiques de l'Extrême-Orient, et qui sont à l'origine des techniques de peintures que l'on trouve aussi en Corée et Japon. La peinture chinoise classique n'a émergé qu'après l'essor de la calligraphie chinoise sur papier de riz, dont elle est pour ainsi dire intégralement issue. La peinture "à l'encre éclaboussée" des moines-peintres chan est ainsi associée, le plus souvent en raison d'une communauté d'esprit, au style "herbes folles" de la calligraphie poétique chinoise. Peinture et calligraphie se retrouvant éventuellement sur le même support, mais par des mains différentes, un poète et un peintre, accompagnées parfois par un commentaire ultérieur dans l'espace de la peinture ou sur un support accolé ensuite, intégré dans le rouleau, et dans un style de calligraphie différent, la tonalité du propos étant différente.

La subtilité et la valeur de la peinture chinoise reposent largement sur l'emploi de moyens très réduits avec l'encre noire, l'eau, le pinceau et le geste comme seules variables.

La peinture de paysages constitue le genre le plus « noble » de la peinture chinoise classique, où se croisent les conceptions chinoises de l'univers, du microcosme et du macrocosme. La peinture de paysage donne forme à ces conceptions dans le rapport de la montagne (et de tout ce qui résiste en se transformant) et de l'eau (et de tout ce qui se transforme en se reproduisant). Ce n'est pas un art figuratif d'après modèle, mais plutôt le précipité de l'état d'esprit du peintre, qui se met au travail, non sans avoir préalablement visité la montagne dépeinte, sauf exceptions.

Dans le cas de la peinture de paysage - "montagne et eau" (voir l'article shanshui) en chinois) - l'harmonie des éléments yin et yang, le jeu des consistances atmosphériques, des strates géologiques, des textures rendues en noir et blanc, ont pour fondement une appropriation expressionniste de la nature très éloignée de la mimésis, ou imitation plus ou moins illusionniste des apparences, propre à l'esthétique occidentale.

La conception confucéenne du monde transparaît également dans la peinture de paysages, ou les figures ou constructions humaines apparaissent en taille très réduite, située dans un cadre cosmologique complet. Le thème des lettrés en méditation ou en réunion (par exemple, les "Sept sages de la forêt de bambou"), ou encore du saint, sont des thèmes privilégiers de ces peintures.

Les peintures réalisées par des peintres professionnels, quel que soit le sujet, donc éventuellement des végétaux, des animaux ou des scènes anecdotiques à nombreux personnages introduisent ouvertement la couleur dans la peinture. Mais cette question est complexe. D'une part la couleur est souvent employée, mais avec une modération, par des peintres lettrés. D'autre part, certains peintres lettrés ont un motif privilégié qui peut sembler anecdotique, ou "décoratif" pour un occidental, comme un vol de grue au dessus d’un pavillon, ou deux animaux disposés dans l’espace, se surveillant mutuellement. Certains peintres, professionnels ou lettrés, sont ainsi plus ou moins spécialisés dans un thème en particulier : la peinture de chevaux (Xu Beihong ou Jupeon en français), la peinture de bambous, de fleurs et oiseaux, de poissons, voire de crevettes !

Ce furent les lettrés de la dynastie Song qui inaugurèrent la pratique d’insérer un poème dans leur œuvre picturale. Des commentaires ont pu être ajoutés, ultérieurement, par les différents propriétaires, dans l’espace de l’image, mais plus souvent en dehors. Les œuvres les plus célèbres se caractérisent également par le nombre de sceaux à l'encre rouge désignant la liste des empereurs les ayant possédés au sein de la collection impériale, dont le destin a conduit la plus grande partie au Musée National du Palais de Taipei (National Palace Museum), Taïwan, suite à l'exil de l'armée du Kuomintang. Mais le Palais Impérial n'ayant pas été bombardé et au contraire ayant été préservé pendant les moments les plus agités de la République Populaire de Chine, la cité interdite contient toujours dans ses nombreux bâtiments le Musée du Palais (Palace Museum) dont les collections, riches mais aussi variées, permettent de se faire une bonne idée de la peinture des peintres professionnels, des peintres de la cour, à côté de celle des peintres lettrés.

La représentation de l'espace chinois, rejetant la perspective avec point de fuite, a toutefois adopté dans les derniers siècles des représentations de l'espace trigonométrique, notamment pour la représentation de villes.

La peinture chinoise en photo est disponible dans la boutique de décoration chinoise Ruyi :

La pagode japonaise

La pagode (tô) est l’édifice central du temple bouddhique au VIIe siècle. Si l’origine est indubitablement chinoise, il est difficile ...