dimanche 12 octobre 2014

La calligraphie japonaise


Le Japon adopte l’écriture chinoise dès le Ve siècle vraisemblablement en même temps que le bouddhisme. Du Ve au IXe siècle, la technique consiste à copier et essayer de maîtriser le savoir des artistes de la cour de Sui et des Tang. Jusqu’au IXe siècle, la tradition imite le style et l’adresse de Wang Xijin (307-365). Lorsque Kükaï revient de Chine pour créer la secte Shingon, il invente un nouveau syllabaire kana qui séduit l’empereur Saga. En recevant la direction du temple To-ji à Kyoto, Kukaï crée des ateliers de calligraphes qui s’affranchissent de l’art chinois et assouplissent la technique du geste en fonction des kanas. La transcription d’un certain nombre de kanas d’un seul coup de pinceau permit aux calligraphes d’avoir la vitesse qui correspondait si bien à la fugacité des waka, ces fameux poèmes japonais.

La calligraphie joue un rôle prépondérant dans l’initiation des femmes à l’écriture, qui contrôlent alors mal les kanjis. La poétique des mœurs, les intrigues amoureuses ainsi que la retranscription des premiers romans comme le Genji monogatari, vont permettre à la calligraphie de devenir le support et le geste d’une nouvelle sensibilité. La cour demande à des artistes confirmés d’agrémenter les paravents et de parer les peintures par des ashide (écriture de roseau) d’une grande fluidité, représentant la nature (roseaux, cours d’eau…). Au premier style calligraphique du début de la période Heian qu’on appelle jodai-yo, se substituèrent d’autres qui caractérisent l’architecture, comme le wa-yo et le kara-yo.

Puis la calligraphie est alors inspirée par le Zen. Elle reproduit à nouveau le style chinois des Song, puis des Ming. Le style kara-yo prédomina pendant les deux siècles et demi de la période Edo (Tokyo). La calligraphie devint peu à peu un trait important de la culture japonaise. Elle est à présent un objet de concours qui a lieu chaque année dans les écoles et il est tout à fait possible de prendre des cours dans la capitale nippone.

En décoration, la calligraphie japonaise offre un style plus vif, plus dynamique, que le style chinois. Les rouleaux calligraphiés ou les tableaux sont des pièces maîtresses pour décorer un mur. Il convient de choisir sa calligraphie avec soin, car elle inspirera « l’esprit » de votre déco.

dimanche 9 février 2014

Le jade chinois


Le jade est la pierre la plus précieuse aux yeux des Chinois, et c’est un des arts qui s’est développé le plus tôt. Le mythe chinois de la création raconte qu’à la mort du dieu Pan Gu le souffle de celui-ci devint le vent et les nuages, ses muscles le sol et sa moelle épinière se transforma en jade et en perles. Pour les Chinois, la pierre de jade n’est pas seulement belle, elle possède également des pouvoirs magiques. Dans l’Antiquité, on s’en servait à des fins rituelles et religieuses, puis on l’utilisa pour des objectifs esthétiques. Les jades les plus anciens sont les objets rituels de la culture Hemadu, datant du néolithique, il y a quelque 7000 ans. On a retrouvé de nombreuses plaques circulaires, des bi, données aux morts pour qu’ils les emportent dans l’au-delà. Ces disques représentent l’harmonie entre le ciel et la terre. 

Aujourd’hui encore beaucoup de chinois portent ce type d’objet. Les chinois attribuent au jade la vertu de prolonger la vie et l’utilisent pour fabriquer  des linceuls. C’est sous les Han qu’on assiste à une première apogée du jade sculpté. A cette époque, des personnages haut placés se font enterrer dans des linceuls faits de plus de 1000 fines plaquettes reliées par des fils d’or. Le musée d’histoire de Beijing expose le linceul de jade du prince Liu Xiu, mort en 55 av JC. Le jade à  la réputation de luire si celui qui le porte est en bonne santé et de se ternir si celui-ci tombe malade. Les ornements de jade sont censés apporter santé, chance et protection à leur propriétaire.

Le jade n’est pas une entité minéralogique précise ; il est composé de deux minéraux, la jadéite et la néphrite. Celle-ci est semblable à la jadéite, tout en étant moins dure ; la jadéite est plus précieuse parce que translucide et très dure. La couleur du jade va du blanc au vert, mais il peut être  aussi noir, brun ou rouge. Les Chinois le préfèrent d’un vert émeraude très pâle et translucide. Sa dureté en fait une pierre très difficile à travailler. Dans les ateliers de sculpture, on trouve maintenant jusqu’à 30 sortes différentes de jade. Les ateliers les plus connus sont ceux de Hetian (aussi appelé Khotan ou Xinjiang), Shoushan (Fujian) et de Luoyang (Hunan). En décoration, le jade offre de magnifiques objets décoratifs tels que les vases ou les statuettes de bouddha ou de chevaux qui donnent une touche d’élégance à une pièce, par leur seule présence.

samedi 11 janvier 2014

L'art décoratif des jardins japonais




L’art des jardins au Japon reste une technique parmi les plus étonnante de la sensibilité japonaise. Bien qu’importé de la Chine via la Corée, certainement en même temps que le bouddhisme et l’écriture chinoise, l’art des jardins a évolué au cours des siècles. En aucun cas, il ne s’agit d’un jardin comme il peut être conçu en Europe. C’est plutôt le fruit d’une perception de la nature. Il s’agit d’une mise à l’échelle de la nature environnante, ou d’un monde religieux où flotterait l’harmonie des choses. 

Cette technique se développe durant la période Heian mais à part quelques vestiges, dont le célèbre Joruri-ji à Nara, le Byodo-in à Uji près de Kyoto, ou encore le Motsu-ji à Hiraizumi, le style shinden et les jardins du paradis s’intègrent au plan de masse et aux demeures construites dans l’environnement immédiat. Un certain nombre de lois, comme la présence d’un étang et des collines artificielles, doit être respecté, le tout correspondant à une miniaturisation de la nature. Le bâtiment principal est orienté vers le sud, et entre celui-ci et le jardin se trouve un espace dégagé et situé au sud de la propriété, planté de pruniers, de cerisiers, de mûriers, de saules, d’érables et de pins devant vraisemblablement impliquer le symbolisme des saisons. 


Le jardin, selon les règles de la géomancie chinoise, doit être traversé par un ruisseau qui coule du nord-ouest au sud-est. Il  alimente en eau pure un petit étang dans lequel sont immergés quelques rochers reliés par des ponts en bois ou en pierre. Il prend alors une valeur poétique, puisque sur ses bords sont construits des pavillons de contemplation ou de pêche. La surface calme et virtuelle de l’eau permet une réflexion de la lune comme si elle venait de l’intérieur. Ces différents pavillons sont reliés au bâtiment principal par des corridors. Les seules images qui soient parvenues à atteindre le XXIe siècle, sont dessinées sur des emakimono. Tout est codifié : le nombre, l’implantation des pierres, leur éventuel axe de symétrie, et surtout les formes dégagées comme représentations bénéfiques ou maléfiques de l’espace. 


C’est à partir de l’époque Muromachi que l’art du jardin se modifia au contact de la philosophie Zen. Le jardin devient un lieu de méditation. L’exemple du jardin de Saiho-ji à Kyoto, crée au XIVe siècle par Kokushi Muso (1276-1351), est révélateur. On assiste à une sorte de renversement vertical symbolique. Le bas du jardin est composé d’arbres, de mousses, d’un étang et d’un pavillon, alors que le haut, le monde éthéré de la méditation, est représenté par un jardin sec. 

C’est à l’époque de Muromachi que le jardin va prendre toute son ampleur. L’architecture est épurée avec les constructions du Kinkaku-ji, du Ginkaku-ji et du Daitoku-ji. La vision du jardin est rendue plus mobile, ce qui paraît être un paradoxe, que relève l’enseignement du Zen. C’est en multipliant les points de vue, les koan (énigmes du zen), que le satori peut être atteint. Au cours de la période Momoyama s’affrontèrent deux types de jardins. Les premiers, aristocratiques, sont conçus comme symbole du pouvoir. Ils trahissent l’ambition, la force et l’abondance. Les seconds, au contraire, mobilisent une esthétique du détachement et permettent d’envisager une esthétique bâtie sur la rareté et la justesse du geste.

Le jardin de Katsura inaugure une nouvelle conception, il devient un jardin conçu selon une progression de la découverte des essences et des sensations. Il devient jardin de promenade. Les participants marchent le long de plusieurs sentiers et découvrent, au hasard des pavillons, des nouveaux points d’observation ou des impressions. L’architecture moderne fait appel aux conceptions de l’art du jardin. Compte tenu de la raréfaction de l’espace , les petits jardins trouvent tout naturellement leur place dans le gigantisme urbain, tout particulièrement à Tokyo.  

La pagode japonaise

La pagode (tô) est l’édifice central du temple bouddhique au VIIe siècle. Si l’origine est indubitablement chinoise, il est difficile ...