samedi 16 juin 2018

Histoire française des Arts d'Asie : les découvreurs du XIXe siècle


La connaissance de l’Asie en France va être bouleversée à la fin du XIXe siècle par des voyageurs fortunés et cultivés qui fuient l’Europe aux anciens parapets et se rendent en Asie tantôt en mission d’exploration tantôt en voyageur dilettante. Henri Cernuschi (1821-1896) se découvrira au Japon une âme de collectionneur avisé ; parti en voyage autour du monde avec son ami Théodore Duret, il séjourne en Chine, au Japon, en Inde et au Sri Lanka. Il met au profit son séjour au Japon et en Chine pour acheter de très nombreux objets dont quelques rares bronzes antiques qu’il choisit dans la perspective d’une collection d’art asiatique. Il fait aussi venir du Japon en France le grand Buddha Meguro, statue du Buddha Shâkyamuni ; autour de ce bronze colossal réinstallé par le sculpteur Barbedienne, il organisera le musée qui porte son nom dans un hôtel particulier de l’avenue Vélasquez, qu’il fait construire à cet effet.

Dans la même génération et animé aussi par la soif de la découverte, Emile Guimet part vers l’Extrême-Orient en compagnie du peintre et dessinateur Félix Régamey. Son intérêt se porte vers les religions, et plus principalement le bouddhisme qu’il côtoie longuement au Japon où sa mission lui permet des échanges avec des hauts dignitaires religieux qui se prêtent à son questionnement. Du Japon, Guimet rapportera une importante collection de représentations religieuses qui viendront se joindre à celles venues d’Egypte et du monde méditerranéen antique dans le musée des Religions qu’il fonde d’abord à Lyon, sa ville natale, puis à Paris, sur la colline de Chaillot, en 1889.

En 1888, Charles Varat, explorateur lui aussi mandaté par le ministère de l’Instruction publique et des Beaux-Arts, découvre la Corée restée pendant des siècles totalement fermée aux étrangers « sous peine de mort » ; il en rapporte le premier témoignage ethnographique sur ce pays de vieille culture ainsi que des « collections scientifiques » qui contribuent à la création, en 1893, de la galerie coréenne du musée Guimet ouvert depuis peu.

La pagode japonaise

La pagode (tô) est l’édifice central du temple bouddhique au VIIe siècle. Si l’origine est indubitablement chinoise, il est difficile ...