Le vingtième siècle voit entrer en scène une nouvelle génération de
voyageurs passionnés : ce sont des érudits qui ont découvert l’Asie par
les études philologiques et la connaissance des textes classiques en compagnie
de grands universitaires tels Edouard Chavannes, Emile Sénart, Sylvain Lévy,
qui pour la plupart enseignent à l’Ecole des Langues orientales ou au Collège
de France. Leurs activités d’exploration nourrissent le travail de l’Ecole
française d’Extrême-Orient.
Au premier rang de cette génération extrêmement
brillante, Paul Pelliot fit en Asie centrale des découvertes qui n’ont pas
encore été totalement exploitées. En 1908, il accède à un ensemble inestimable de
manuscrits enfermés depuis le XIe siècle dans la grotte 16 de Dunhuang, site
bouddhique qui ouvre la Route de la Soie vers le Turkestan chinois. Dépouillant
sur place des milliers de manuscrits chinois, tibétains, sogdiens, il réussit à
en acheter une grande quantité qu’il rapatrie vers la Bibliothèque Nationale et
le musée Guimet en compagnie de 30 000 volumes rassemblés à Pékin et à
Shanghai pour constituer un fonds de bibliothèque d’étude. De retour en France,
Pelliot consacrera sa vie à l’étude des textes et à l’enseignement au travers
de cours qu’il donne au Collège de France.
Autre disciple d’Edouard Chavannes,
Victor Segalen, part en 1914 à la rencontre de l’histoire antique et recherche
des vestiges Han dans la région de Xi’an. Pierres et stèles funéraires ont une
puissante mémoire qui hante l’univers poétique de Segalen. Fasciné par les
tombeaux, il voit dans l’art funéraire l’expression la plus haute de la
civilisation chinoise et pressent que l’archéologie en Chine sera avant une
archéologie des tombeaux. Il reviendra aux archéologues et érudits chinois de
l’Academia Sinica groupés autour de Li Ji, Pei Wenzhong et Guo Moruo de faire
dans les tombes Shang de Xiaotun dans la région d’Anyang les grandes campagnes
de fouilles de la fin des années vingt.
Après la première guerre mondiale, l’effort universitaire de la France
Républicaine donne aux études orientalistes en général et à la sinologie en
particulier des maîtres de grand renom tels Henri Maspéro, Marcel Granet, Paul
Demiéville, ou René Grousset qui permirent de comprendre comment fonctionnaient
les sociétés qui ont composé la civilisation chinoise.
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