Dans l’hindouisme, l’image d’un dieu est un symbole direct du dieu lui-même. Dans la peinture et le statuaire de l’art indien , les gestes, postures, habillements des dieux ont un sens et un langage.
Les postures des dieux :
Que ce soit dans la peinture ou la sculpture indienne, la position (âsana) qu’adopte une divinité nous permet de déduire si la divinité est en état de détente, de combativité ou de méditation.
Samabhanga (littéralement : sans flexion) : c’est la position habituelle des représentations en pied. Le poids est également réparti entre les deux pieds, le corps est droit, en équilibre. Un variante est la position sthânu (le pilier). C’est notamment l’attitude figée de Shiva en tant qu’ascète qui reste plongé dans sa méditation jusqu’à ce qu’un univers ait disparu et qu’un autre soit apparu.
Abhanga (littéralement : avec une seule flexion): cette station debout, où le poids repose sur une seule jambe, les deux pieds posés au sol, les genoux tendus et la hanche saillante du côté sur lequel le poids du corps de repose pas, exprime que la divinité est plongée dans ses pensées.
Pâdasvastikâ : le poids du corps repose sur une seule jambe, l’autre jambe est croisée devant la première et s’appuie légèrement sur les orteils. Cette attitude qui exprime la sérénité et la détente caractérise principalement Krishna joueur de flûte.
Âlîdhâpada : les deux pieds sont plaqués au sol. La jambe gauche est légèrement tendue vers l’arrière, le genou droit plié vers l’avant. C’est l’attitude du tireur à l’arc, caractéristique notamment de Shiva dans son rôle destructeur de trois villes.
Padmâsana : c’est la célèbre position du lotus. Les jambes sont croisées, les pieds sur les cuisses et la plante des pieds apparente. C’est l’attitude de profonde méditation.
Yogâsana : la position du yogi, dite « en tailleur ». Les jambes sont croisées, les pieds touchent le sol, les genoux légèrement relevés sont maintenus par une bande appelée yogapatta. Cette position montre la divinité sous on aspect d’ascète.
Vîrâsana : cette posture du « héros » se présente sous diverses formes. L’une d’elles, le « demi-lotus », diffère à peine de la padmâsana. Les jambes sont simplement croisées l’une au-dessus de l’autre sans être entremêlées. Souvent une seule jambe est posée sur le socle, l’autre retombant jusqu’au sol. Cette attitude caractérise la divinité qui s’est distinguée par son héroïsme dans la lutte contre les démons.
Pralambapadâsana : la position à l’européenne. La divinité semble assise sur une chaise, les deux jambes pendantes, les pieds posés sur le sol. Cette attitude indique que la divinité est en contemplation.
Râjalîlâsana : posture en « aise royale ». Une attitude décontractée qu’adoptent souvent les dieux quand ils sont représentés assis en compagnie de leur épouse. Une jambe est repliée, l’autre retombe librement vers le bas, le poids du corps repose souvent sur un bras.
Nrityamûrti : un aspect d’une divinité en position de danse. Le danseur se tient sur une seule jambe, le genou légèrement fléchi. Le pied de l’autre jambe est posé sur la face interne de la cuisse de la jambe support. La danse est considérée comme l’acte de création universelle par excellence quand le danseur est un homme.
Les pieds des dieux ne touchent jamais le sol, c’est pourquoi les statues indiennes ont toutes des socles. De même que pour la posture, les gestes expriment de manière raffinée les intentions, émotions et qualités des dieux, et cela dans tous les arts indiens.
Abhaya mudrâ : main droite levée, paume vers l’avant. Geste de bénédiction, protection et apaisement.
Jnâna mudrâ : la main, paume vers le haut, est à hauteur du cœur. Le pouce forme un anneau (généralement avec l’annuaire). La sagesse est la caractéristique de la divinité qui s’exprime par ce geste.
Tarjanî mudrâ : l’index dressé est signe de menace ou de mise en garde.
Varada mudrâ : la main droite ouverte, paume offerte, doigts inclinés vers le sol, est tendue vers le croyant pour indiquer que la divinité est prête à exaucer un vœu ou à accorder une bénédiction.
Vismaya mudrâ : un geste d’étonnement ou d’admiration qu’une divinité ne fait qu’en présence d’un autre dieu en qui elle reconnaît son supérieur.
Vitarka mudrâ : par ce geste où le pouce et l’index forment un anneau, la divinité prouve la pureté de son jugement et sa sagesse intellectuelle. Si de plus, la divinité tend la main vers le spectateur, ce geste indique sa volonté de lui enseigner quelque chose.
Anjali mudrâ : mains jointes, paume contre paume ou « les mains en prières ». Il s’agit d’un geste de vénération et d’adoration lorsque les mains sont à hauteur de la poitrine. Si les mains sont à hauteur du front, c’est un geste de salutation usuelle.
Dhyâna mudrâ : la divinité en posture de méditation a les mains posées sur les genoux, la main droite sur la gauche, les paumes vers le ciel. Appelée aussi yogamudrâ, c’est l’attitude de méditation profonde ou de recueillement parfait.
Gajâ : le bras tendu de biais vers l’avant, le long de la poitrine, les doigts dirigés vers le bas. Ce geste qui symbolise la trompe de l’éléphant est un signe de puissance et de force.
Hastasvastika : les bras croisés devant la poitrine indiquent la soumission totale à une divinité placée plus haut.
Patâka : le bras tendu comme l’aile d’un oiseau exprime la force. Ce geste fait également parfois référence à la force des flammes du feu.
Damarû : ce geste et les trois suivants n’ont pas de signification symbolique propre. Il s’agit de gestes qui forment un tel tout avec les objets symboliques qu’ils tiennent qu’ils sont souvent représentés sans ces objets dont ils ont repris la symbolique.
Katakâ : le geste par lequel on tient une fleur de lotus ; cette position de la main invite le croyant à faire une offrande de fleurs.
Ardhacandra : c’est un geste par lequel la divinité porte le feu, placé ou non dans une coupelle ou un autre récipient.
Kartarî : par ce geste joignant le pouce à l’annulaire, la divinité supporte des attributs. Lorsque ce geste est exécuté sans tenir entre l’index et le médius dressés l’attribut en question, il symbolise les bois du cerf et représente l’antinomie de toutes choses.
Les représentations des dieux indiens passent aussi par une grande diversité de coiffures et couronnes. Toutes ont un sens et un symbolisme particulier qui parlent à l’initié :
Shirastraka : turban fait d’une bande d’étoffe ou de torsades de cheveux et maintenu par un nœud à l’avant. Porté en compagnie des dieux par des figures secondaires, par des démons et des êtres célestes.
Kiritamukuta : au propre et au figuré, la plus haute de toutes les couronnes. La forme est celle d’un cylindre légèrement conique, en forme de tiare ou de mitre, et terminé par un bouton ou une pointe. C’est la couronne de Vishnu et de tous les dieux qui sont en rapporta avec lui. Portée par une déesse, cette couronne indique que cette déesse est à ce moment-là de rang égal à celui des dieux les plus hauts.
Jatâmukutura : couronne de torsades de cheveux savamment imbriquées, dont la forme rappelle celle du Kiritamukuta et qui est souvent richement décorée. Le Jatâmukutura est la tiare de l’ascète, elle est principalement portée par Shiva et décorée du croissant ou du crâne caractéristique.
Karandamukuta : cette couronne, plus petite que le Kiritamukuta, est faite de couches superposées de plus en plus étroites et se terminant en cône, un peu comme une pile d’assiettes. Le dieu ou la déesse qui la porte indique ainsi sa place subalterne au panthéon.
Jatâbhara : c’est une coiffure sous la forme d’une masse de tresses ou de cheveux en broussaille disposés perpendiculairement au visage. Une coiffure typique du dieu Shiva.
Jatâmandala : lorsqu’une divinité se présente sous une des formes terrifiantes, on peut souvent l’identifier grâce à sa coiffure en éventail, faîte d’une couronne de cheveux lisses ou en broussailles dressée autour de la tête.
Jvâlakesha : les cheveux entourent la tête comme une auréole de langues de feu. Cette coiffure caractéristique du dieu du feu Agni, est parfois également portée par la déesse Kâlî.
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