L'architecture confucéenne chinoise est liée à la vision du cosmos et à
l'organisation confucéenne de la société. La maison dite "à cour
carrée" de Pékin, appelée en chinois siheyuan, constitue l'expression la
plus classique de cette architecture traditionnelle chinoise. Les constructions
les plus anciennes de ce type remontent au premier millénaire avant notre ère,
mais les codes architecturaux n'en furent consignés de façon systématique dans
un ouvrage, que sous la dynastie Song, au XIIe siècle.
Le cosmos dans la maison : un ciel rond surplombant une terre carrée,
tel est l'ordre cosmique que chaque construction se doit de transposer.
Concrètement, les bâtiments chinois comportent ainsi généralement des bases
carrées coiffées, parfois, d'une coupole ronde ; ils sont par ailleurs tous
orientés vers le sud, selon les préceptes de la cosmologie chinoise.
Huis clos dans une cour carrée : conformément aux préceptes confucéens,
l'organisation de la maison est codifiée selon des principes de séparation :
entre intérieur et extérieur, entre hommes et femmes, entre générations ou
classes sociales. La répartition des pièces se fait ainsi de manière symétrique
en fonction de l'axe nord-sud qui traverse la maison. Les pièces principales
(salle de réception et de prière avec autel des ancêtres, appartements du chef
de famille) se trouvent au nord et ouvrent au sud sur la cour. Les frères (ou
les fils mariés) sont logés dans les deux ailes latérales et les domestiques au
sud. Enfin la porte de la demeure chinoise s'ouvre généralement sur un mur, à
la fois pour protéger des regards, mais aussi pour stopper les démons
(incapables de se déplacer autrement
qu'en ligne droite) ; le petit rebord à enjamber pour entrer répond à la même
préoccupation (et évite également les courants d'airs).
Des colonnes robustes et des toits cornés : l'architecture chinoise
repose littéralement sur des colonnes en bois qui portent la majorité des
édifices. Pas de murs porteurs ni de fondations dans ce style architectural. La
résistance et la longévité de ce type de constructions est évidemment faible,
mais pour les chinois, c'est davantage l'esprit du lieu que les vieilles
pierres qui comptent.
Le toit est souvent très travaillé, massif et supporté par une charpente
souvent plus complexe que la charpente occidentale ; il repose sur des colonnes
avec des poutres qui se portent les unes les autres et, leur taille diminuant,
montent vers le ciel. Les toits ont également cette caractéristique frappante
d'avoir des recoins recourbés qui débordent de chaque côté du bâtiment,
protégeant efficacement de la pluie et du soleil, et qui donnent l'impression
de coins cornés. Les tuiles, enfin, sont généralement grises, pour mieux se
fondre dans le paysage mais parfois vernissées, notamment en jaune, couleur
réservée aux bâtiments impériaux.
Signes extérieurs de richesse : autre caractéristique impossible à ne
pas remarquer, les arrêtes des toits se trouvent souvent chevauchées par de
curieux animaux en céramique. Cette petite troupe a plusieurs fonctions :
protéger des démons, cacher les clous du toit, mais aussi marquer le rang
social de l'occupant de la maison (les bâtiments étant réservés à l'Empereur
étalant le plus de figurines). Quant aux gros lions de bronze si souvent placés
devant l'entrée des demeures chinoises, ils occupaient les mêmes fonctions. Il
fallait ainsi occuper un certain rang dans la hiérarchie pour pouvoir prétendre
les installer ; et c'est l'épaisseur de la crinière des fauves qui donnait une
indication sur la position hiérarchique. Désormais les pauvres félidés ont été
réduits au rang de symbole, essentiellement touristique, de la Chine impériale
et on les trouve à peu près devant toutes les entrées d'hôtels, de restaurants,
de musées, de grands magasins...