L'Ikebana (donner vie aux fleurs) ou kadô (Vois des fleurs) est un art du bouquet floral importé de Chine en même temps que le bouddhisme et qui existe au japon depuis le VIème siècle. Il est devenu au fil des siècles un art décoratif nippon à part entière.
Les origines de l'Ikebana sont donc religieuses. Les moines faisaient des offrandes à Bouddha sous la forme de bouquets de fleurs. Les bouquets exprimaient à leurs yeux l'harmonie entre l'homme et la nature.
Vers le Xème siècle l'aristocratie s'empare de l'ikebana pour en faire un art de divertissement en lui ajoutant une dimension d'esthétique et de beauté jusque là absente de la pratique des moines. Ce n'est qu'au XIIème siècle que cet art sera véritablement codifié avec la naissance du style Rikka défini par Senkei, premier maître d'ikebana. Le Rikka est caractérisé par un bouquet de forme triangulaire composé de sept lignes de charpente et comportant toujours un nombre impair de tiges, la plus haute symbolisant le ciel.
A la fin du XVIème siècle, la classe montante de marchands simplifie le style Rikka en Seika (ou Shôka) en réduisant à trois le nombre des tiges. Réalisés à l'occasion d’événements (mariages, fêtes de jeunes filles...) ou placés dans le tokonoma, alcôve présente dans toutes les maisons traditionnelles, les bouquets deviennent de plus en plus opulents et compliqués.
On assiste alors à un renversement esthétique qui prône un retour au sacré et à la simplicité. Sen no Rikyû, le célèbre maître de thé, aurait lancé ce mouvement à la demande du général Hideyoshi qui lui demandait de créer un bouquet différent de ce qui se faisait alors. Sen no Rikyû coupa quelques iris, les attacha à son poignard et lança le tout dans un seau, donnant à ce nouveau type d'arrangement le nom de "nageire" (littéralement jeté et introduit).
Il faudra attendre le XIXème siècle pour voir l'ikébana s'affranchir totalement de la religion. Le style Moribana (fleurs groupées) crée par Ôhara Unshin (1861-1914) utilise pour la première fois des fleurs venues d'occident.
Les écoles d'Ikebaba sont gérées par des iemoto (maisons ou écoles) dirigées par un grand maître héritier d'une tradition ancestrale. On dénombre au Japon pas moins de 3000 écoles différentes regroupant quelque 20 millions d'adeptes.
Un bouquet de ce type mis en valeur sur une commode ou un buffet, avec un vase japonais adapté, donne un style zen épuré à une pièce, notamment une chambre ou un salon.