La peinture chinoise de cour
La peinture chinoise de cour (206 av JC-960 ap JC) est la peinture des commandes impériales et des églises bouddhistes et taoïstes. La peinture de cour, à travers la peinture de personnages, illustre à partir des Han (206 av JC-220 ap JC), les vertus confucéennes. En dehors de la cour et des divinités, l'art classique ignore la société chinoise : poissons, pivoines, bambous et montagnes composent l'essentiel du registre académique.
La peinture de paysage apparaît vers le IVème siècle après JC, époque d'insécurité où la montagne apparaît comme un refuge. Elle se nourrit autant du spectacle de la nature que de l'imaginaire. Le peintre Zhang Zao écrit au VIIIème siècle : "il faut apprendre de la nature et peindre l'image dans son esprit".
Les maîtres anciens cherchent moins à reproduire avec exactitude les formes naturelles qu'à mettre ces formes au service de leurs idées. La promenade printanière de Zhan Ziqian reste une oeuvre marquante de la peinture de paysage. Wu Daozi, surnommé le "roi des peintres" marque l'apogée de la peinture de cour sous les Tang.
A la fin des Tang (618-907) et durant les Cinq Dynasties (618-907), la tendance à employer moins de couleurs, voire uniquement de l'eau et de l'encre, devient prédominante. Concentré de nature, le paysage à l'encre (Shan Shui : montagnes et eaux) n'est jamais réalisé sur le site, mais recomposé à partir d'images et d'impressions. L'utilisation du rouleau date de cette époque.
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La peinture chinoise lettrée
La peinture chinoise lettrée (960-fin du XVIIème siècle) apparaît sous la dynastie des Song du Nord avec l'ascension de l'artiste lettré, poète et calligraphe. Contrairement au peintres d'avant, ce dernier regarde la peinture sous le prisme de la peinture mais aussi de la calligraphie.
Destinée à son plaisir personnel et à celui de ses proches, la peinture veut divertir. Les oeuvres produitent répondent à une esthétique qui s'adresse à la dimension spirituelle et au sens poétique. Les lettrés de la période Song inaugurent l'habitude de noter un poème sur l'oeuvre.
L'exploration des capacités expressives du pinceau et de l'encre, héritée de la calligraphie, devient l'enjeu principal de la peinture à partir des Yuan, qui postulent que la forme et le contenu de l'inscription sont partie intégrante de l'oeuvre. Zhao Mengfu (1254-1322), dans un poème inscrit sur une peinture de rocher et de bambous, dit que la calligraphie et la peinture sont identiques.
Les paysages à l'encre des époques Ming (1368-1644) et Qing (1644-1911) s'appuient sur une tradition écrasante : naturalisme idéalisé des Song (960-1278) et jeux d'encre et de pinceau des Yuan (1279-1368). Une composante de la peinture chinoise est la citation des classiques. Les artistes Ming délaissent l'originalité pour se placer dans la filiation d'un maître. Le paysage "à la manière de" voit naître un grand nombre de peintres célèbres : Shen Zhou, Wen Zhengming, Tang Yin et Qiu Ying sous les Ming ; Zhu Da, Shitao, Zheng Xie et Li Shan sous les Qing.
Sous les Qing, le poème inscrit sous la peinture devient éssentiel à la création des effets visuels. Dans Bambous et rochers, Zheng Xie (1693-1766) évoque les contours rocailleux en jouant sur les lignes et gradations de gris de la calligraphie, ainsi Li Fangying (1695) ajoute un poème vertical à son "Poisson nageant" pour symboliser une berge.
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La peinture chinoise et la rencontre avec l'occident
A la fin du XIXème siècle, les grands maîtres sont tous formés aux styles savants de la Chine impériale : Wu Changshuo et Qi Bashi comptent parmi les artistes les plus renommés. La Chine devient une république en 1911 ; pour les peintres chinois, la sensibilisation aux techniques de la peinture occidentale des années 1920 et à l'art moderne des années 50 ouvre un tout nouvel univers.
Les premiers artistes chinois partis étudier à l'étranger dans les années 20, notamment en France et en Russie, reviennent en Chine avec des techniques nouvelle et une conception différente de la peinture. A leur retour, ils se risquent aux portraits des proches ou aux scènes de rue, fortement inspirées de la misère et des différences sociales.
Les tentatives de fusion volontaire des deux traditions n'entament dépendant pas la séparation entre école chinoise (encre et aquarelle, dessin linéaire, perspective aérienne) et école occidentale (couleurs à l'huile, ombres et lumières, perspective focale).
La peinture révolutionnaire et post-révolutionnaire chinoise
En 1949, l'avènement de la République populaire de Chine entraîne une floraison d'oeuvres de commandes, inspirées du réalisme socialiste soviétique, glorifiant l'entrée dans une ère nouvelle, "le renouveau d'un pays et l'avenir du peuple". Mao Zedong va précipiter l'intérêt pour des sujets de société, il considère que les artistes doivent se mettre au service de la révolution.
Jouissant d'une liberté d'expression retrouvée à la fin de la Révolution culturelle (1976), les grands maîtres choisissent alors leurs sujets et méthodes de travail, tandis que la jeune génération explore de nouveaux concepts. Parmi les peintres les plus célèbres citons Xu Beihong, Pan Tianshou, Huang Binhong, Li Keran, Li Kuchan, Liu Haisu, Fu Baoshi, Ye Qianyu et Guan Shanyue. Il faut attendre pourtant 1980 pour qu'un peintre officiel, Luo Zhongli, ose représenter la misère, sous les traits d'un paysan tenant un bol vide.
Le "mouvement des étoiles" (1979) se détache alors de l'école traditionnelle, ouvrant la voie aux artistes d'avant-garde. Ces derniers s'intéressent à la manière dont les chinois d'aujourd'hui gèrent le passé et ses fantômes.