Ces pictogrammes ont été réformés sous l'empereur Xuan de la dynastie des Zhou pour devenir l'idéographie - une écriture uniformisée - connue alors sous l'appellation de Dazhuan (grand sigillaire). Cinq cents ans après, sur ordre du premier empereur des Qin, le chancelier Li Si a procédé à une nouvelle réforme, en créant Xiaozhuan (petit sigillaire). Celui-ci, qui s'écrivait difficilement, a été simplifié plus tard pour devenir le Lishu, l'écriture passant ainsi de la forme ronde à la forme carrée. Comme le Lishu était trop rigide, elle est revenue après à l'arrondi, qui permettait de créer le Kaishu (écriture régulière), le Xingshu (écriture courante) et le Caoshu (écriture cursive).
Depuis lors, ces formes d'écriture sont utilisées à niveau égal et leur fusion merveilleuse a atteint son paroxysme sous les Jin (265-420) et les Tang (618-907).
Voici donc les cinq grands styles de calligraphie chinoise:
1. écriture sigillaire Zhuan shu (篆書),
2. écriture des scribes Li shu ( 隸書),
3. écriture régulière Kai shu (楷書),
4. écriture courant Xing shu (行書),
5. et écriture d’herbe ou cursive cao-shu (草書).
La dynastie des Jin était l'âge d'or de l'art calligraphique. Tenaient alors le devant de la scène les Wang père et fils, Wang Xizhi et Wang Xianzhi. Le premier a assimilé les qualités de ses précurseurs, notamment Li Si (Qin) et Cai Yong (Han) pour créer un style personnel. Le petit Wang, au même titre que son père, était sans égal de son temps. Son écriture est caractérisée par l'élégance et le charme. L'école Wang a exercé une grande influence sur les générations postérieures, qui prirent son style pour modèle.
La dynastie des Tang n'a rien à envier aux Jin. A ses débuts, elle comptait quatre écoles fameuses : Yu Shinan, Ou Yangxun, Chu Suiliang et Xue Ji. Dans leur foulée suivirent Yan Zhenqing et Liu Gongquan, deux grands calligraphes du milieu des Tang. Le premier a innové l'école Wang pour former un style qui lui était propre, tandis que le dernier a créé une nouvelle école en fusionnant les styles Ou et Yan.
Ces grands maîtres doivent leur renommée à l'assiduité et à la ténacité. Les contes foisonnent à ce sujet. Il dit que le calligraphe Zhang Zhiqin (Han postérieur) a noirci un étang limpide pour y avoir nettoyé fréquemment sa pierre à encre, que Zhi Yong, maître des Sui, a usé en 30 ans 5 grands paniers de pinceaux, que Yu Shinan (Tang) s'exerçait du doigt sur la couverture quand il était couché, de sorte que celle-ci s'est usée à force d'être frottée, et que Huai Su, n'ayant pas les moyens pour acheter le papier, a calligraphié sur des feuilles de bananier.
Après la naissance de la Chine nouvelle, l'art calligraphique s'est épanoui de plus belle.
L'écrivain Lu Xun et l'historien Guo Moruo se classaient aussi au premier rang des calligraphes contemporains. L'originalité calligraphique du paléographe lui valut « style Guo ». Son écriture force l'admiration tant des professionnels que des amateurs. Guo prit modèle sur les styles de Wei Zhongyao et de Wang Xishi pendant son jeune âge. Mais il n'en resta pas là : il fit siennes les qualités des diverses écoles pour créer un style original, dans lequel sont mélangées admirablement la vigueur et le naturel, la sobriété et l'élégance. La structure de son écriture n'est pas que digne d'intérêt. Suggestive, elle évoque diverses images. De nombreux monuments à Beijing portent des inscriptions calligraphiées de sa propre main. L'enseigne du Musée du Palais impérial est de sa plume.
La calligraphie, shufa (en chinois), ça veux dire « discipline d'écriture » ou « méthode d'écriture », signifie écrire au pinceau des caractères chinois. Pour les chinois, ce n'est pas une belle écriture, mais l'art d'écriture, comme on dit écrire de la musique ou de la poésie ou de la danse.
La calligraphie trace sur un papier blanc, par un mouvement alerte, variant selon le pinceau et l'abondance d'encre, des formes signifiées noires et blanches. La calligraphie est un art de forme; le pinceau est la continuité du corps de l'artiste, obligé par sa subjectivité, donc elle est aussi un art expressif; elle reflète d'une manière profonde et discrète, la culture, la sensibilité, le savoir et la personnalité de l'artiste, on dit souvent que « l'écriture est la personne elle-même » ou « écrire pour exprimer son cœur ». Bref, la calligraphie est un art qui exprime l'esprit personnel. La calligraphie concrétise la caractéristique fondamentale de l'art chinois; avec la peinture traditionnelle, elles dirigent les autres arts en Chine. Quand on parle de la calligraphie et de la peinture; « Shu hua », d'abord c'est la calligraphie, puis la peinture, même dans les expressions traditionnelles, on met toujours la calligraphie en premier. La calligraphie a un grand rapport avec la peinture, qu'elle a beaucoup inspiré comme la sculpture classique, l'architecture et tous les arts, par sa pratique de la composition, du rythme, de la résonance et de la règle. Pour cela, elle est considérée comme l'âme de l'art chinois.
Tout au long de l'histoire, la calligraphie a une utilité sociale: elle est le véhicule pour les échanges de pensée et la transmission de la culture; mais en même temps, elle s'est constituée en discipline plastique à part entière. Les premières traces révélées par les fouilles archéologiques datent de 5000 à 6000 ans. Mais les premières inscriptions qui soient indiscutablement une écriture chinoise constituée sont les oracles sur os, un système qui s'épanouit sous la Dynastie Shang, il y a 3600 ans.
On peut dire que dans le monde humain, il y a deux grands types d'écriture:
- L'écriture qui utilise les pictogrammes, qui sont une représentation stylisée de l'objet signifié, qui se développe en idéogrammes pour représenter symboliquement des qualités comme la blancheur ou l'origine.
- L'écriture qui utilise des signes abstraits (comme les lettres de l'alphabet occidental), qui composent des mots qui signifient, par convention, des objets avec lesquels il n'y a aucune parenté visuelle.
L'écriture chinoise est de la première catégorie, ce qui a sans doute permis le développement de la calligraphie, puisque l'écriture chinoise comprend une représentation graphique de l'objet signifié et non une combinatoire des éléments simples et abstraits. C'est pourquoi l'histoire de la calligraphie est liée à l'histoire de l'écriture.
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